Chronique Terrienne n° 264 Je sors d’un road-trip moto en solo de 2200 km à travers la France. Je ne vous parle pas d’une “randonnée”, mais plutôt d’un “voyage orienté”, en ce temps de rentrée*. J’avais rêvé, en effet, d’un rituel personnel pour aborder le “jour J” de la retraite.
Je voulais depuis longtemps visiter l’abbatiale du Mont Saint-Michel. J’en ai fait un projet, avec la moto évidemment. C’est ainsi que je suis parti un lundi, sous la pluie, vers la Normandie (quoi de mieux pour trouver le “Jour J” ?) “La seconde semaine de sa retraite, dix jours de moto d’une traite”, vous dirait ma bécane**.
Parmi les nombreux camping-cars (et pas mal de motards quand même), voyager en septembre vous fait d’emblée passer de l’autre côté. Celui des seniors, sinon des personnes âgées. La journée, ils encombrent les routes ; au déjeuner, ils enchantent les salles de restaurants. Ce ne sont pas exactement les mêmes, vous en conviendrez, mais ils sont partout. La vie au ralenti.
Mon projet était de rejoindre le Mont Saint-Michel (sans faire la Manche), depuis le Mont Saint-Michel des Bauges, en Savoie, tout près de chez moi. De Savoie à Normandie, Miquelot*** de ma nouvelle vie. Le fait de voyager seul est d’ailleurs propice à la rencontre. Les gens croisés semblent même plus enclins à vous aborder, voire vous aider. Donc, 900 km tout droit (en passant par Vierzon, “car tu voulais voir Vierzon” me dis-je, comme le grand Jacques, autre pèlerin de mon cœur). Au retour, avec de plus courtes étapes, j’ai pu encore expérimenter quelques bonnes adresses sur la carte de mes amitiés.
Durant ce voyage où, vous l’aurez compris, je n’ai pas fait du “tourisme”, j’ai (curieusement peut-être pour certains) pris soin de mes rêves, pris soin de mes proches (y compris mes chers disparus)… J’étais en lien et cependant seul. De nombreux signes ont jalonné ce parcours de dix jours, qui a correspondu parfaitement à ce que je cherchais. C’était un trajet fluide (un peu de pluie et de crachin quand même, mais pas trop) aussi bien sur le macadam qu’avec autrui, voir plus. De quoi revenir heureux de ce “road-tripélérinage”, en paix, pour cette nouvelle tranche de vie qui m’attendait. JMP
“Plus loin que la nuit et le jour (voyage, voyage) / Voyage (voyage) Dans l’espace inouï de l’amour…”
* Au sujet de “faire sa rentrée” :
“Ne pas rang_très (bien)”
La rentrée dans ta chambre,
Toi, tu ne rentres pas,
Un lundi deux septembre,
Je tremble, un faux pas,
C’est l’heure de la trêve,
Se coucher sur la grève,
Un vertige te prend,
Bien sortir du rang,
Du labeur, quarante ans,
Du bonheur en partant.
JMP (© 2024)
** oui ma bécane parle 😉 :
“Je suis…”
Je le supporte depuis des kilomètres,
Il est pilote, il est même comme un maître,
Des nationales, des petites routes,
Des lacets, des virolos qui vous envoûtent,
Je l’emporte, l’accélère, je le berce,
On a pris des moustiques et des averses,
Je suis fait d’huile et d’acier,
Et j’escorte son fessier,
Oui je le transporte depuis des années,
Campagne, de beaux monts en belles vallées,
Toujours il cherche les massifs, les terroirs,
Il rallie les copains et leurs trajectoires,
Je ne suis fait que d’huile et d’acier,
Mais suis son fidèle destrier.
JMP (© 2024)
*** Le pèlerinage du Mont Saint-Michel est un pèlerinage chrétien menant les pèlerins, appelés miquelots, à l’abbaye du Mont Saint-Michel.
PS : j’ai ramené des souvenirs, des photos et des poèmes. Je vous en partage trois, ici bas, quand même :
“La côte d’émeraude”
Pour aller à Dinard,
La côte suit le motard.
Emeraude est la mer,
Fini la Normandie,
Car ici c’est aussi,
La Bretagne et Quimper.
A Cancale et ses flots,
Juste avant Saint-Malo,
Oui ici rien ne vaut,
Une balade à moto.
JMP 13/09/2024
“Au Mont Saint-Michel”
Je visite le Mont Saint-Michel,
Mon hôte s’appelle Mickaël,
A l’Office du Tourisme du Mont,
Pour m’aider, je tombe sur Marion,
Eu au téléphone il y a trois mois,
Sur le chemin, je croise un Comtois,
Il me dit être aussi Dauphinois,
Il a dormi au Relais du Roy,
Il a testé la Mère Poulard,
40 euros l’omelette cheddar,
Alain est mon guide sur les remparts,
Est passionné et aussi motard,
C’est fou les signes sur mon chemin,
C’est un peu la foi du pèlerin.
JMP 12/09/2024
“La route de la baie”
J’ai pris la route de la baie,
C’était une voie qui reliait,
De Granville jusqu’à Avranches,
Le beau littoral de la Manche,
Jusqu’au Mont je roulais en paix,
C’était la route de la baie.
JMP 11/09/2024
(l’essentiel : prendre la voie de “l’abbaye” et ne pas prendre la route de la “baie_tise”)
