Chronique Terrienne n° 265 Mortifère, vous l’avez dit ! La religion catholique, qui a inspiré nombre d’artistes, au cours des 20 derniers siècles, a peu d’écho aujourd’hui dans le milieu artistique.

L’effacement de la culture chrétienne en France laisse ainsi émerger aujourd’hui le sceau de Lucifer, la croix inversée de Satan et d’autres signes sataniques dans l’espace public. A titre d’exemple, Lilith (démon mi-femme mi-scorpion du IIIème millénaire avant JC), remis au goût du jour à Toulouse dans le spectacle urbain “La porte des ténèbres” (sic) ; mais plus généralement le retour de l’ésotérique, sorciers et sorcières via les réseaux sociaux (entres autres) est patent (en deux mots ;-). Une ambiance mortifère se répand ainsi dans toutes les créations artistiques, au-delà de la mode d’Halloween* : spectacles, livres, films, jeux vidéo etc…

Ce qui pose question c’est l’affichage de symboles bibliques et religieux qui font référence au diable et aux ténèbres. Cette fascination glauque pour la noirceur (contraire à l’espérance chrétienne qui valorise la confiance, le constructif et l’amour). Je comprends bien qu’il y a là un juteux business des industries culturelles, qui en réveillant de vieilles peurs d’anciennes traditions populaires font recette. Mais il est navrant de recycler des personnages également issues de la mythologie paganiste.

Pendant deux millénaires, des chapelles, des églises, des basiliques et des cathédrales ont été dressées vers le ciel, témoins de la beauté de l’homme qui s’élève (architecture, vitraux etc…). En septembre, j’ai visité l’abbatiale du Mont-Saint-Michel puis une Basilique dans le Perche ; quelle splendeur ! Aujourd’hui, à contrario, on place la caméra dans le caniveau, dans les grottes, dans les bas-fonds.

A quel recul civilisationnel assiste-t-on ? Où est l’appel à la transcendance que tout humain normalement constitué ressent au moins un jour dans sa vie ?

Une bonne partie du monde de la culture ne veut plus rien savoir du christianisme. C’est absolument regrettable car ils manipulent des symboles négatifs, voire dangereux, à l’insu d’un public (en bonne partie “innocent”), et ils orientent notamment, dans le mauvais sens, durablement l’attention des nouvelles générations.

Dites-moi quel horizon commun peut avoir un peuple qui se délecte du mortifère ainsi ? Alors que paradoxalement la mort est devenue totalement tabou dans notre siècle. Tout est fait en effet, pour qu’elle soit absente de la sphère sociétale : plus de la moitié des décès se passe à l’hôpital, les rituels du deuil sont tombés en désuétude en quelques décennie à peine. Cependant, presque chaque soir à la TV, gros plan sur un macchabée bien amoché au démarrage d’un “policier”. On avait eu droit juste avant à notre série d’horreurs avec le Journal, on passe de l’actualité à la fiction dans un flou ambiant qui me semble totalement aberrant pour notre santé mentale. Le réel et le virtuel n’étant plus vraiment distingué par nombre de nos contemporains, notamment certains jeunes s’adonnant aux jeux vidéo violents quotidiennement (et je n’aborderai pas ici les fake news et le complotisme).

S’il y a une forme de malice à cultiver par contre, c’est à travers l’humour, le gag, la blague qui rassemble par sa convivialité, qui cultive ainsi une sorte de proximité avec l’autre***. En aucun cas le gore, le meurtre, l’anéantissement ne sont des voies. En France, les jeunes consomment de plus en plus de psychotropes**. La Vie est trop belle pour la regarder par le judas de la porte de l’enfer, ne trouvez-vous pas ? JMP

* Cet attrait pour la célébration du mortifère ne semble même pas questionner la majorité des joyeux drilles qui s’y adonnent. “Allo win” : “Faites du business” oui ! Pauvre société de “con-sommation” ! Et si nous mettions notre énergie dans la célébration de la vie, pour la Vie ? Elle recèle bien plus de magie et d’extraordinaire que toutes ces Hallowinades, pour qui écoute et observe un peu.

** En 2023 : 936 000 jeunes dont une majorité de filles. (La Provence 2024)

***PS : “Nous devons travailler à recréer librement cet esprit de sympathie et d’entraide que la force des choses imposait à nos aïeux, de telle sorte que le progrès des techniques, du bien-être et de la sécurité n’ait pas pour rançon l’affaiblissement de ces échanges humains sans lesquels la vie perd sa ferveur et sa plénitude. Faute de quoi nous irons en droite ligne vers le règne du matérialisme, de la solitude, de l’insatisfaction et de l’ennui.” Gustave THIBON (L’EQUILIBRE ET L’HARMONIE)

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