Chronique Terrienne n° 283 “Michel, c’est comment le pestacle ?” Et bien celui-ci, je ne l’ai pas vu ; mais j’ai pu assister à deux autres (en 48 heures à Avignon) : “Zébrures, la face cachée des HPI” et “Mes Dames” (un hymne aux femmes de nos vies). J’ai beaucoup aimé.
Le “In” a une plaquette “tendance” où vous ne trouverez guère plus de 35 spectacles ; mais dans des lieux prestigieux, notamment le Palais des Papes.
Le “Off” a un catalogue à dos carré d’une épaisseur de 1 cm et demi (soit environ 500 pages) et plus de 1700 spectacles, dont voilà certains titres : “Je me petit-suicide au chocolat”, “Niki, la femme au fusil”, “ça (r)ira mieux demain”, “l’humour à la menthe”, “la spiritualité, mon cul”, “shot, shoot, chut”, et même “piscine (pas d’eau)” dont l’une des interprètes est d’ailleurs une de mes petites cousines 😉
Bien que l’ambiance soit plutôt bonne enfant dans les rues (bondées) d’Avignon, en seulement deux jours vous avez la tête farcie ! Non pas que les artistes tractent à foison les touristes -voire les harcèlent- mais les chiffres donnent aussi le tournis à eux seuls : 1347 compagnies, 490 créations, 27400 levers de rideaux dans 139 théâtres de la ville… Bref, c’est géant !
Ainsi (j’y étais déjà passé il y a deux ans) l’évènement incontournable de la scène nationale se situe “en région”, mais s’immerger durant les trois semaines semble être pour moi du domaine du croisement entre la plongée en eaux profondes dans les abysses des Mariannes et une journée à la foire du Trône de Paris (plus grande fête foraine itinérante de France).
Le quidam risque évidemment l’overdose. L’apprenti artiste lui, la déprime. Car cher est le montant de la participation à un tel évènement, et peu sont les heureux élus qui vont rentabiliser leur présence. Si j’ai vu des comédiens renommés présenter leur pièce cette année, comme Antoine Duléry, Florence Pernel ou Jean-Paul Rouve, l’écrasante masse des impétrants est inconnue du grand public, ce qui ne facilite évidemment pas l’attrait de spectateurs. Et l’ultra concurrence est, elle, phénoménale, ici en Provence.
Moi j’ai piloté (road trip moto oblige) un festival d’Avignon (comme en avion) : j’ai décollé par temps pluvieux pour mieux atterrir sous le soleil. J’ai embarqué mon plus beau sourire pour ne pas démoraliser les artistes qui m’abordaient, et je me suis laissé porté par les vents favorables (sérendipité oblige) pour voir ces deux spectacles avec mon filleul de 20 ans. “Marche ou crêpe” disent les bretons ! Je lui ai payé une galette à la Crêperie des Papes…
Vous ne pouvez en effet vraiment choisir, tant l’offre est énorme. Et ceux qui ont sélectionné à l’avance, de se voir hésiter, après avoir croisé dans la rue un artiste touchant ou une troupe inspirée. “Avec trop on se perd. Avec moins on se trouve” disait Tchouang Tseu…
Le Festival d’Avignon est la plus importante manifestation de théâtre et de spectacle vivant du monde, par le nombre de créations et de spectateurs réunis. On m’a parlé de plus de 2 millions de billets vendus. Ainsi une sorte de “loterie” pour artiste apprenti et de “tsunami” pour touriste ébahi. Oui, je vous dis que j’ai piloté un avion 😉 JMP
Lien site du Festival Off d’Avignon : https://www.festivaloffavignon.com/