Chronique Terrienne n° 269 Chers amis, j’en suis tellement ravi ! On vient de me décerner un prix prestigieux (qui fait du bruit dans ma vie, et dans le quartier aussi). Dans le cadre du “62ème Symposium sur le Buis Bruit de la Bruitière”, j’ai été honoré du “Grand Prix du Bruit_âge” 2025 ! (Oui ce Saint-Pot existe depuis de longues années déjà, et il est, foi de Buisseran, particulièrement Saint-Pas !)

Votre serviteur a en effet survécu, miraculeusement il faut bien le dire, à “une avalanche” de bruit (dirait-on dans les Alpes) ou “un tsunami” (comme dirait un ami qui rentre de Hanoï ; inouï). En effet, depuis le printemps 2020, je suis poursuivi par le bruit… de chantiers BTP ! Tout d’abord, sous la baie vitrée de mon bureau à Crolles (voir photo : deux immeubles de plus de 40 logements + commerces ont remplacé deux villas dans un jardin arboré, dont une n’avait qu’une dizaine d’années). Puis ensuite autour de chez moi : la construction de dix-sept nouvelles maisons, d’un coup, avec tous les aménagements d’un lotissement (percées de nouvelles rues, installation des réseaux, création de places de parking, etc… En ce moment, et pour 4 mois, on est dans la phase rénovation de l’accès historique. La pelleteuse creuse, 7 heures durant, à 2 mètres de profondeur sous le chemin devant ma maison.

Pour sauvegarder une bonne audition et aussi une santé mentale correcte*, je me suis fait accompagné (comme tout bon coach en a l’habitude) : médecin, psy, kinésiologue, ostéo, audioprothésiste, Qi Gong… en complément de mes deux chats bien entendu 😉 J’ai donc pris mon mal en patience pendant ces cinq dernières années ! Les derniers chantiers en cours devraient enfin se terminer en février prochain. Mais je ne suis sûr de rien…

Quelle épreuve singulière. Le plus sournois figurez-vous, ce n’a pas été le grutier (installé 10 mètres au-dessus de ma tête pendant plus six mois), ni les tremblements du bâtiment lors du fonctionnement de l’engin de compactage du sol, mais plutôt l’insidieux “Bip Bip Bip” de recul des pelleteuses et autres bulldozers. Cette alerte sonore stridente, dès la marche arrière enclanchée (soit toutes les 15 secondes à certains moments) m’a rendu fou “ma copie” infernale. J’ose espérer que l’inventeur de ce système de sécurité a permis de sauver des vies, car il a en a pourrit, des jours et des jours d’anonymes innocents. Je pense qu’un réglage adapté de l’intensité du volume, qui est utile dans un rayon d’une dizaine de mètres, en fait, devrait pouvoir épargner les oreilles des voisins limitrophes. Etant physiquement à 30/40 mètres seulement, j’ai tout eu : les sons donc mais aussi la vue, la poussière, les odeurs, ainsi que les blocages d’accès, les coupures d’eau etc… Rien ne nous a été épargné. Et le pire dans tout ça, c’est que jamais personne ne s’est préoccupé de telles nuisances à notre égard. A aucun moment, dans un cas comme dans l’autre, les commanditaires, vendeurs des terrains, collectivités, maîtres d’œuvres, professionnels du BTP voire les acquéreurs, ne m’ont dit un mot sur le sujet des nuisances à subir.

Pour être un peu plus sérieux maintenant (même si mon propos initial est strictement véridique), la pollution par le bruit** est une des plaies de nos sociétés. Elle s’est fortement développée depuis la révolution industrielle, dans nos environnements de travail, de déplacement et de vie. Aussi, je trouve que la densité de notre habitat nécessiterait une prévoyance accrue de chacun d’entre nous. Au delà des moyens techniques d’isolation phonique, respecter autrui, c’est vivre discrètement, sans provoquer de bruit volontairement. Pour les “goujats” qui vocifèrent, font du bruit avec toute sorte d’équipements (par exemple, un des mes nouveaux voisins parmi les plus proches : avec un petit camion, puis un quad, une perceuse puis une tondeuse… le tout utilisé avec fracas dans la plupart des cas ou bien hors des plages horaires permises. Mais aussi des visiteurs en permanence -qui apportent aussi des mortiers qu’on tirent en pleine nuit, régulièrement- etc…). Quand ma logique voudrait que l’arrivant s’adapte à la quiétude de son nouveau quartier, c’est au voisinage qu’il impose un mode de vie bruyant ! Faire des fêtes l’été en soirée, ou même tout un dimanche sans discontinuer, pourquoi pas ? Le moindre respect serait par contre de prévenir les quelques voisins qui vont bien “en profiter”. La courtoisie est une jolie forme de respect, me semble-t-il, non ?

Aujourd’hui, même au plus profond des océans, la pollution sonore** des cargos nuit à la vie et à la reproduction des poissons, baleines et autres dauphins.

Le bruit est une épidémie silencieuse !

Nos villes semblent impuissantes face à ce fléau. “Des millions de points noirs sont connus des plans de prévention du bruit de nos collectivités, mais faute de contraintes juridiques, l’immense marché de l’apaisement échappe toujours aux entreprises” (Les Echos 25/11/2024).

Partout, nous devons subir le bruit. Lorsqu’il est (quasi) permanent, comment s’en prémunir ?***
Et quand on cumul bruit et âge ? Et bien on gagne paie le prix du bruitage 😉 JMP

*”Rage : colère qu’il vaut mieux extérioriser si l’on ne veut pas souffrir de rage dedans” (Laurent Baffie).

**Le terme de “pollution sonore” s’applique aux effets provoqués par des phénomènes acoustiques (ou bruits) ayant des conséquences sur la santé des personnes, de la gêne momentanée à des troubles plus graves. Par exemple, perturbation du sommeil, effets sur les attitudes et les comportements, sur les performances et l’intelligibilité de la parole. L’exposition continue à la pollution sonore provoque des niveaux de stress élevés, des sautes d’humeur, de l’hypertension, de la dépression, une perte auditive… A long terme, le bruit joue donc un rôle aggravant sur les pathologies cardio-vasculaires.

***Je ne parle pas de ceux qui, toute la journée, dans les oreilles, ont des écouteurs ; ils comprendront tôt ou tard leur erreur…

PS : je n’aurais pas aimé être dénoncé décoré dans la catégorie “Bruit de couloir” par contre 😉

En cadeau, deux poèmes et un pamphlet, à déguster ci-dessous :

“Sept nains villas m’entoure”

En moins de deux ans autour,
A la place des labours,
Du coup sept villas m’entourent,
Du bout cette vie là abat-jours,
Beaucoup de nuisances en pourtour,
Je ne reste pas dans ma tour,
Les jeunes troubadours savourent,
Jeux ne v(i)eux pas toujours demi-tour…

JMP (© 2024)

“Un gars (son) -maudit-“*

Quand mon voisin tond,
J’ai souvent le bourdon,
C’est toujours en dehors,
Des horaires consorts,

Il s’appelle Jason,
Devrait prendre un mouton,
Tondre le gazon jauni,
Pendant le temps de midi,

C’est pas très poli,
C’est pratique aussi,
Mais alors quel bruit,
Veux avoir un répit !

JMP (© 2024)

*(le mot dit)

“Les mœurs du XXIème”

Ces deux dernières années, dans notre proche entourage,
Une dizaine d’ostrogoths ont déployé leurs plumages,
De nouveaux habitants, dont huit nouvelles maisons,
Et aujourd’hui le chaland ne prend même plus liaison,
Le voisin, plus la peine de passer se présenter,
Venir bâtir son logis juste à côté du pionnier,
Celui qui, plus de 60 ans sur les terres familiales,
Poursuis plus d’un siècle de destin patrimonial,
Il est arrivé le premier, connais bien le quartier,
Pas de gants avec lui pour les nuisances du chantier,
Pas même un bonjour spontané quand vous les croiser,
Et une fois emménagés, parler fort, même en soirée,
Immédiatement une piscine installer,
Avec cris et piaillerie les après-midi d’été,
Le nouveau campagnard débutant aime bricoler,
Sans doute un peu obsédé, il est pas gêné,
A tout moment, le bruit d’un appareil, d’un équipement,
Une tondeuse à vingt et une heure fréquemment,
Les bonnes mœurs ne sont plus en vigueur maintenant.

JMP (© 2024)

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