“Petite philosophie des mobilités” (La route, école de la patience)

Un essai remarquable, au croisement de la sociologie et de la philosophie (comme je l’aime), sur un sujet qui nous concerne tous : la route (laboratoire politique) et la sécurité routière (qui m’est chère).

Interactions, interférences, frictions, frustrations… la route, qui est associée à la liberté, est une école de la patience.

“L’homme est né libre et partout il est dans les bouchons.”

“Quand Jean dure j’endure, je suis capable d’absorber la déformation que m’inflige le monde sans me dissoudre ni perdre ma forme initiale. Etre patient sur la route, c’est savoir se coordonner avec autrui” écrivent les autrices.*

Elles mentionnent les hiérarchies implicites, elles questionnent la quête contemporaine d’intensité de nos existences, elles abordent nos vulnérabilités exposées les unes aux autres, elles décortiquent l’impact du numérique*** (“je scrolle donc je suis”) et de “l’économie de la flemme” (avec son flot de livreurs de colis sur nos routes)** et bien entendu de la vitesse et la temporalité (en approfondissant la patience qui n’est pas la passivité).

Bref, un petit livre instructif et inspirant qui m’a aussi dit que si le Code de la route ne date que de 1921, et le permis de conduire dans la foulée ; la circulation à droite date de Napoléon ! JMP

 


*Apolline Guillot & Anne Lavaud (Philosophie Mag. Editeur – Mai 2025 – 10€ – 78 pages)

** l’accidentologie des véhicules utilitaires va grandissante et les victimes décédées sont notamment des usagers vulnérables (piétons, cyclistes, 2RM).
Une étude BVA de 2000 révélait déjà que 42% des Français s’inquiétaient des effets du développement du e-commerce sur la sécurité routière.

***”les outils intelligents altèrent considérablement notre rapport à la route et font obstacle à une culture de la patience…” (81% des Français considèrent que le téléphone au volant est dangereux et 80% l’utilisent en conduisant !)

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