Chronique Terrienne n° 253 Je reçois récemment une lettre de l’EFS (Etablissement Français du sang) m’expliquant, qu’après 60 ans révolus, je ne puis rester inscrit sur la liste nationale des donneurs de moelle osseuse. Dont acte. Moi qui ai donné périodiquement mes plaquettes (de sang), don qui nécessite plus de deux heures en Centre de transfusion, je suis effaré du taux ridicule de la population française qui donne son sang régulièrement : moins de 5%, alors que les besoins sont immenses ! Il y a là un malaise car ce type de don est simple et réalisé en 20′ n’importe où (des camions itinérants tournent depuis des lunes).
Autant il s’agit bien avant tout de s’occuper chacun de soi (son bien-être physique et mental et sa santé) mais faire don de soi, quand on est en forme, relève pour moi du simple devoir d’humain. Tout le monde revendique des droits, pour l’inverse on compte parfois vraiment les altruistes. Il ne s’agit pas de passer pour un généreux donateur, mais simplement pour un Citoyen : le sens du mot “civique” a t’il en partie disparu de nos jours ?
Quand on voit des bénévoles aider, protéger, sauver nos compatriotes tels nos pompiers volontaires : respect ! Ils s’engagent, se forment, sacrifient leurs week-end, négocient avec leur employeurs (ou imputent tout ce temps sur leur activité à leur compte) : chapeau ! Le tissu associatif de notre pays est tenu à bout de bras par des bénévoles, chacun dans leur domaine, ils donnent de leur énergie. Les élus municipaux par exemple, sans rémunération ni indemnité pour la plupart, contribuent au bon fonctionnement des conseils de nos communes, principalement nos villages.
Si certains élus ruraux demandent leur “fonctionnarisation” le temps du mandat, et si la valorisation du bénévolat passe selon certains députés (socialistes) par la semaine de quatre jours (proposition de loi récente) ; pour le président de France bénévolat “l’engagement bénévole est par définition libre et gratuit. Il ne doit pas faire l’objet d’une gratification, même différée.”
Dans ma vie, je me suis toujours engagé.* Se mettre au service des autres, quel plus noble défi ? Alors je veux dire aujourd’hui, comme Paul Eluard “qu’il n’y a pas d’enthousiasme sans sagesse, ni de sagesse sans générosité.” L’altruisme, outre donner sens à une vie, nous permet d’apprendre. Je vous prends le pari à 100 contre 1 ! Comment inversement grandir en se regardant le nombril ? Moi qui ai été adepte du développement personnel (la connaissance de soi, un chemin qui ne se finit jamais), je veux dénoncer les comportements qui ne visent que son petit confort personnel. Se confronter à la réalité d’autrui fait progresser comme nulle autre chose dans la vie.
Dans l’individualisme grandissant de nos sociétés post-industrielles, alors que certains jeunes partent au loin avec nos ONG, certains (pas que des jeunes bien entendu) glandent et se comportent en vrais “parasites”, abusant de la solidarité nationale d’une manière ou d’une autre. Ne nous trompons pas, je parle ici de soutien familial dans les deux sens (enfants-parents et réciproquement), de s’épauler dans son couple (époux-épouse et inversement), d’attention dans son quartier (voisins, personnes âgées) etc., qui sont des solidarités à travailler par chacun. Pas besoin de changer de continent, n’est pas Mère Teresa qui veut.
Que le législateur par exemple ai voté que le don d’organes après le décès soit la norme va dans le sens de la fraternité, valeur qui figure au fronton de notre République. Environ 80% des Français y sont d’ailleurs favorables. L’Agence de la biomédecine s’est réjouie en février dernier de la hausse des greffes en 2023 : 1791 donneurs soit +5,7% vs 2022. Mais l’opposition au don (possible dès l’âge de 13 ans) s’intensifie également : 520 000 de nos compatriotes le refusent. Le taux d’opposition est en train de grimper : de 30% (2017/2019) à 33% (2020/2022) et à 36,1% en 2023.
Déclarer officiellement un “tiers de confiance” pour faire valoir ses volontés en matière de santé**, le jour où on ne pourra plus le faire soi-même est aussi un acte altruiste selon moi. Ne pas laisser ses proches dans des dilemmes insupportables devrait être la préoccupation de toute personne raisonnable avançant en âge.
La liberté et l’égalité sont des droits, la fraternité un devoir : assumons ce devoir et construisons un monde meilleur. L’égoïsme nous enferme. Nous ne perdons que ce que nous ne donnons pas.
Je dois prendre soin de mon prochain, car je sais “qu’on récolte ceux que l’on s’aime.” JMP
*Mes expériences perso. bénévoles : clubs services, caritatif, confessionnel, sportif, citoyenneté, pro et para-pro.
**Rédiger ses directives anticipées dès lors que l’on souffre d’une maladie est aussi vivement conseillé.
PS : Lire ma Chronique Terrienne n°158 de juin 2017 : “Donner de soi”.