Chronique Terrienne n° 211 Cet été j’ai apprécié lire “Vivre avec nos morts” de Delphine Horvilleur, Rabbine de son état et excellente écrivaine. Je vous le recommande. Il y est question de destinées, de narrations “positives”, de moments “charnières de vie”, mais aussi bien sûr un peu de peur ! Ce livre partage avec celui de Catherine Chalier (“Comme une clarté futile. Naître, mourir”) une invitation (dans l’optique juive), “celle de penser la mort autrement” que notre société à tendance à le faire aujourd’hui. “Pas seulement en constatant les effractions du mal, de la souffrance; pas seulement non plus donc en méditant sur notre destinée ultime, que ce soit avec mélancolie, sagesse, voire espérance, mais plus simplement, de façon plus grave, en faisant en sorte que la pensée de la mort insuffle en nous une nouvelle urgence dans notre amour de la vie”.

“Apprivoiser la mort prend toute une vie” nous dit Claire Fourcade, médecin et autrice de “1001 vies en soins palliatifs” (Bayard 2012). Elle aurait préféré le titre “Ici, chaque homme est un roman”. Oublier le tragique pour accueillir la mort, et non la refouler, ce qui en fait nous renvoie à la vie !

“There is no death, there is just a change of our cosmic address” a écrit Edgar Froese (1944-2015). Le leader du groupe de rock expérimental Tangerine Dream, crée en 1967 -je possède le vinyle bijoux “Ricochet” sorti en 1975-) Il participe à l’album collaboratif “Electronica 1 : The Time Machine” de Jean-Michel Jarre en 2014, en composant “Zero Gravity”, la dernière composition de sa carrière avant sa disparition. L’album, sorti un an plus tard, lui est dédié.

“Notre peur de la mort est proportionnelle à nos regrets” dit Irvin Yalom (le psychothérapeute existentiel américain, qui vient de publier à 90 ans “Une question de mort et de vie”, ouvrage écrit à 4 mains avec son épouse, aujourd’hui décédée). Je le crois.

Si j’épaule régulièrement des encadrants en milieux hospitaliers (soignants, ambulanciers, services supports etc…) qui fréquentent la mort (comme un Prêtre ou une Rabbine), j’accompagne aussi depuis plusieurs années des professionnels vers la retraite; cette fin de carrière qui est parfois “une petite première mort” (sociale) s’il en est. Savoir bien vieillir est ainsi tout un art de vivre ! Une vieillesse réussie n’est-elle pas une conquête de liberté ? (je ramasse les copies dans 2 heures !)

“A 12 ans on court après un cerf-volant. Puis, on court après son âme d’enfant” a dit Francis Blanche, l’humoriste mort prématurément à 53 ans (1921-1974).
En cette Fête des Défunts (les Cendres), je me redis que notre vie durant nous avons à faire des deuils et des deuils (nombre ne sont heureusement que des “micro-deuils”; par exemple la perte d’un job.)

Mais comme l’a écrit Maxime Gorki (Ecrivain Russe 1868-1936) : “Quel beau métier d’être un homme sur terre” (…) JMP


La biblio. :
– “Chaque génération, parce qu’elle vient après une autre, grandit sur un terreau qui lui permet de faire pousser ce que ceux qui sont partis n’ont pas eu le temps de voir fleurir”… in “Vivre avec nos morts” de Delphine Horvilleur (Grasset 2021 – 223 pages)
– “Une question de mort et de vie” Irvin et Marilyn Yalom (Albin Michel 2021 – 300 pages)
– “Comme une clarté futile. Naître, mourir” de Catherine Chalier (Bayard 2021 – 300 pages)

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