Chronique Terrienne n° 208 “Tu prends quoi pour bien aller ?” “Je prends de la distance ! Moi je monte en altitude…” Comme disait l’autre : “La pression, il vaut mieux la boire que la subir.”, alors comme chaque été, “on se pousse du col” : Galibier, Lautaret, Izoard, Vars, La Bonette, La Cayolle etc… sur la Route des Grandes Alpes.
“Le col de montagne est le début de tout voyage, c’est une frontière géographique et existentielle où se joue des choix de vie…” Autrefois carrefours d’échanges, dotés d’auberges et d’hospices, d’édifice religieux et de monuments, ils sont devenus le paradis (des cyclistes et) des motards. “Le somment altier ne mène à rien alors que le col, voie d’accès à l’au-delà de la barrière rocheuse a le mérite de mener quelque part” dit encore l’écrivain “du voyage” Nicolas Bouvier.
Et c’est un peu d’hospice en effet dont je veux vous parler, ayant fait l’expérience ce mois d’août de (mal) dormir dans une auberge Napoléon, à 2000 m d’altitude ! Car dans le monde particulièrement bousculé dans lequel nous vivons aujourd’hui, des inconnus ouvrent leur porte à d’autres inconnus, des voisins aident, des proches soutiennent et des professionnels sécurisent et soulagent. J’adore la série documentaire “Nus et culottés” (depuis 2012 sur France 5) qui nous prouve que la fraternité n’est pas morte. Ils démontrent en effet lors de chacun de leur défi, qu’il est possible de partir de zéro en pleine nature, sans vêtement et sans argent, pour réaliser un rêve d’enfant grâce à l’échange, au troc et à la générosité des personnes rencontrées sur le chemin. Munis de leurs deux caméras paluches fixées à un baluchon qu’ils portent à l’épaule, Nans et Mouts filment spontanément leurs voyages et laissent libre cours à la rencontre, à l’inattendu et à l’authentique. L’émotion du téléspectateur est au rendez-vous, tant la simplicité, la sincérité, mais aussi la pertinence relationnelle des deux compères sont belles à voir. Ainsi ils font vivre à leurs bienfaiteurs la phrase de la lettre aux Hébreux 13,2 : “N’oubliez pas l’hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueillis des anges.” Mais évidemment, la récente et dramatique issue du Père Maire, en Vendée, qui est allé au bout de sa vocation d’accueil, nous démontre toute la complexité de l’exercice.
N’oublions pas que l’hospitalité est la marque de notre humanité. Prenons du recul, de la hauteur, de temps en temps, pour ensuite mieux ajuster nos relations humaines. Je vais, sur cette fin d’année, tenter de transmettre à des soignants quelques méthodes relationnelles, eux pour qui l’hospitalité est un métier, mais doivent parfois progresser dans leur communication entre eux.
Accueillons les “démunis” mais sachons également nous “col-tiner” nos émotions négatives, dimension délicate s’il en est de notre relation à nous-même ! JMP