Chronique Terrienne n° 246 Fin 2023, LinkedIn* a atteint la barre du milliard de membres dans le monde. 20 ans et 26 millions en France, pourtant avec LinkedIn, bonjour la déprime ! C’est ce que révèle la publication simultanée d’une étude** de l’Université d’Edimbourg dans la revue “Psychology and Marketing”. En effet les réseaux sociaux professionnels pourraient être mauvais pour la santé mentale et la confiance en soi.
Depuis sa création en 2002, LinkedIn s’impose comme le réseau social professionnel par excellence, utilisé par de nombreux corps de métier, cette application semble réussir aussi bien aux jeunes entrepreneurs qu’aux grandes entreprises.
De mon expérience personnelle depuis plus de 11 années, j’y ai vu sa démocratisation puis son “explosion” avec la disparition de son concurrent français, Viadeo. Très chouette de pouvoir maintenir un lien avec ses anciens clients, tout comme cartographier les réseaux relationnels de ses followers. Un fichier prospects qui se mettait à jour tout seul, génial ! Voilà pourquoi j’y suis entré tout entier. Il y a quelques années, on pouvait même e-mailer à tous ses contacts d’un coup ! Puis j’y ai vu arriver le “storytelling” : des post longs comme le bras où des free-lance étalent leur “vie entrepreneuriale” (sur base de teasing et compagnie). Puis les (jeunes) spécialistes de la “prospection en ligne” qui vous harcèlent pour (dixit) “faire décoller ton business”, sans te connaître. J’ai surtout subi les évolutions de l’algorithme. Je n’ai pas rechigné à me payer trois formations auprès d’experts pour mieux exploiter l’outil en tant que pro. Avec les abonnements PREMIUM, j’ai même fait travailler une assistante à temps partiel pour ma prospection commerciale pendant 18 mois pour “sortir de l’eau du lot”.
Pour revenir à l’étude récente susnommée : après différentes analyses, la conclusion est que les personnes testées ressentaient souvent le “syndrome de l’imposteur”*** après avoir passé du temps sur LinkedIn. “Le simple fait de parcourir le fil d’actualité ou même de publier une réalisation peut être un facteur de remise en question, qui peut parfois déboucher sur un certain mal-être et même déclencher des “pensées d’imposteur”, ce qui est associé à la peur d’être découvert en tant qu’imposteur” indique le Docteur Ben Marder, l’un des auteurs de l’étude. D’après ces résultats, les conversations privées pouvaient légèrement augmenter l’impression d’en être un. En effet, à force de recevoir des messages d’inconnus, il arrive que nous ne les lisions même pas, ce qui peut finalement déclencher un “syndrome de l’imposteur” chez certaines personnes. “Nos résultats montrent que les effets négatifs des réseaux sociaux sur le bien-être ne sont pas seulement dus au fait que nous nous comparons aux autres, mais aussi au fait que nous pensons que les autres ont une meilleure opinion de nous que nous n’en avons nous-mêmes”, poursuit l’expert.
Je trouve ces constatations particulièrement pertinentes pour les néo-coaches qui se pressent tous les jours de plus en plus nombreux sur Le Rézo. Je ne développerais pas ici le risque des écrans pour les plus jeunes (5 heures par jour) et les réseaux sociaux vs les ado : mal-être, déprime, suicides… C’est vraiment d’une (autre) épidémie qu’il s’agit.
Pour LinkedIn, dans la série “dérives”, je notais ces dernières années surtout les comportements “chelous” suivants :
– Ceux qui ne te connaissent que lorsqu’ils sont dans le besoin et veulent faire leur réseau en 1 clic quand toi, tu sèmes et chemines depuis 10 ans…
– Des post de “chasseurs” qui avaient disparu de la circulation des années durant sans mots dire et qui soudain réapparaissent “à leur compte”…
– Toujours des “réalistes” qui vendent leur sauce directement sans vergogne : “Stage de xxxx, tarif xxxx, blablabla…”
– Et de plus en plus de sujets hors monde professionnel qui s’invitent, souvent via des inconnus assez véhéments (not. sujets politiques)…
Mon utilisation à moi de LinkedIn est singulière. Mes 2000 relations sont qualifiées : 80% que je connais personnellement dans la vraie vie depuis 40 ans (ai collaboré avec elles professionnellement dans la moitié des cas) et 80% sur ma région Grenobloise où j’œuvre ; avec essentiellement des post “apprenants” et “constructifs”, sans fan club (sororité : pitié) !
Un profil qualifié d’EXPERT ABSOLU par LinkedIn (sic) et un SSI de 72 en 2019**** ; mais en fait ce que j’aime surtout, c’est ce lien individuel que je peux créer et surtout animer avec autrui. Bref, il faut bien tenir la route***** pour survivre sur LinkedIn, càd avoir la “notoriété heureuse”, de vraies compétences en communication et suffisamment d’humilité. Parce le cœur grenadine c’est aussi : “Qui ne dit mot… risque de tout perdre.” 😉 JMP
*80 % des inscriptions les plus récentes ont été réalisées hors des États-Unis. En 2022, le chiffre d’affaires de LinkedIn s’est élevé” à 13,8 milliards de dollars (+34 % par rapport à 2021), Microsoft en est propriétaire depuis 2016.
** Des chercheurs de l’Université d’Edimbourg, en Ecosse, ont mené leur étude auprès de plus de 500 utilisateurs de LinkedIn. Parmi eux figuraient uniquement des personnes d’un âge moyen de 36 ans et ayant un niveau d’études supérieur à la licence. Pour le bien de l’étude, ces personnes ont testé les effets que pouvaient avoir les messages privés échangés sur LinkedIn ainsi que le fait de partager l’une de ses réussites professionnelles en public.
https://www.ed.ac.uk/research-innovation/latest-research-news/linkedin-triggers-feelings-of-imposter-syndrome
https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/mar.21926
***En psychologie, le “syndrome de l’imposteur” est un sentiment auto-entretenu de doute envers ses compétences et ses réussites.
**** SSI : Social Selling Index
https://business.linkedin.com/fr-fr/sales-solutions/social-selling/le-social-selling-index-ssi
***** “Piloter sa trajectoire en confiance”, foi de Coach Motard® !
NB : Mes anciennes Chroniques Terriennes sur internet et les réseaux sociaux (2007 et 2012) via https://accelerateur-de-croissance.blogspot.com/search/label/internet
PS : “Cœur grenadine”, chanson de Laurent Voulzy écrite par Alain Souchon, évoque un amour vécu à distance. Ces paroles expriment ainsi le désir brûlant d’un contact physique et d’une proximité qui manquent cruellement.