Chronique Terrienne n° 231 “Dans le ciel bleu entre les branches, l’avion laisse une trainée blanche…” et vous qu’allez-vous laisser de votre passage ? 80 milliards d’humains seraient nés sur terre depuis les origines de l’humanité (50% au cours de deux derniers millénaires et 1 sur 5 durant les deux derniers siècles ; 1 sur 10 est encore en vie, soit 8 milliards). Penser que chacun(e) y a laissé quelque part son empreinte est vertigineux.
En cette période estivale, voilà que sur mon chevet se percutent deux ouvrages. Celui d’Henri et celui de Laurent. Loin de la Normandie, l’un est psy à Toulouse, l’autre libraire à Rouen. Le point commun à ces deux livres : moi déjà, lecteur passionné d’explorations et d’analyses des destinées humaines, parce qu’ils abordent bien entendu des changements de vie, des nouveaux métiers mais surtout la transition et l’altérité.
“Mon chemin de vérité” d’Henri Couturier (une belle rencontre de l’hiver dernier) est un témoignage. A 85 ans il s’est dit : “Maintenant c’est le temps de la retraite et la saison d’écrire. Je veux raconter ces années, pour relire ma traversée, parce ce que j’ai le désir et le goût d’écrire”. “Les mots savent de nous ce que nous ignorons d’eux” a dit le poète René CHAR. Henri, passionné par les livres, se met donc à écrire son propre livre : il y conte ainsi son histoire, de ses déboires à sa victoire, quelle trajectoire !
L’ouvrage “Les lapsus du destin : nos choix de vie” de Laurent Schmitt (que je ne connais pas) donne en miroir les logiques visibles et invisibles de nombreuses trajectoires -ses patients mais également des personnages illustres- et les éclairages de ce médecin psychiatre. Il aborde notamment les “revanches sur le destin”, les “névroses de destinée”, le besoin de “réinventer sa vie”, “le kairos” (l’heure du choix) et même les changements de sexe !
Bien sûr “les prisons bâties sur les convenances sociales” sont abordées et c’est le premier “reflet” avec le livre d’Henri, qui lui, nous évoque sa vocation au sacerdoce, fantasmée par sa mère, qui lui “consumera” finalement plus de 30 ans de sa vie, avant de décider de vivre pour lui-même et d’avoir le courage de changer. Parmi les “tuteurs de destin”, Laurent Schmitt traite de “l’évasion intellectuelle des prisons corporelles” dont nous parle tant Henri dans son récit, lui l’amoureux des livres et des écrivains qui se réfugiait dans la littérature, la philosophie et les encyclopédies. Le Docteur termine son bouquin en abordant la question suivante : “La psychothérapie influence-t-elle le destin ?” A lire Henri, on confirme 😉
Les articulations entre les parcours professionnels et les chemins de vie d’une personne me touchent. Les bifurcations n’y sont jamais anodines, elles parlent de la “vie en dedans”. Trop de projets de vie se conçoivent avec la “vie en dehors” comme je le constate et comme l’écrit Henri pour sa part. En effet la souffrance s’installe en nous dès que nous marchons trop longtemps dans une autre direction que celle vers laquelle tend notre élan de vie. Ainsi bien se dire que : “Par-dessus tout, veille sur ton cœur, c’est de lui que jaillit la vie” (Proverbes 4,23)… et le destin vous fera laisser ici-bas une trace qui resplendit. JMP
Biblio :
– “Mon chemin de vérité” de Henri Couturier (Editions des Oyats 2021)
– “Les lapsus du destin : nos choix de vie” de Laurent Schmitt (Odile Jacob 2023)