Chronique Terrienne n° 223 “Le monde mental, Ment, Monumentalement” disait Jacques Prévert. Oui et selon une récente étude sur la santé mentale des Français, celle-ci n’est pas au “vert” en ce moment.
Depuis le grand confinement du printemps 2020, il semble que nos compatriotes soient durement marqués, notamment par une forme de pessimisme et une défiance certaine. Leurs repères bousculés, leur bien-être psychologique est depuis en difficulté, ce que nous apprend le deuxième baromètre* de la Fondation AÉSIO.
– 73% des Français jugent que la santé mentale est un sujet tabou en France, un chiffre en augmentation de 4 points par rapport à 2021,
– Près d’un Français sur quatre qualifie son état de santé mentale de “moyen” ou “mauvais” (23 % contre 19 % en 2021),
– 55% des Français disent par ailleurs souffrir d’écoanxiété.**
A l’affirmation, “chaque individu a le pouvoir d’agir en faveur de son bien être mental”, le taux de Français répondant “d’accord” baisse de neuf points (à 77%) par rapport à l’an dernier.
Parmi les affirmations qui font quasi l’unanimité, comme d’habitude, nous avons les trois suivantes :
“Le bien être mental est tout aussi important que le bien être physique” (95%)
“Le bien être mental est essentiel pour être en bonne santé” (94%)
“La souffrance psychique peut concerner tout le monde” (93%)
D’ailleurs 57% estiment avoir été en souffrance psychique au cours des 12 derniers mois (dont 15% régulièrement).
Néanmoins; ils sont 49% à affirmer ne pas être assez attentifs à leur propre bien-être mental.
C’est un sujet “secondaire” pour 38% des Français (une qualification en hausse de 6 points par rapport à 2021), alors que la santé mentale des Français en période “initiale post-covid” faisait régulièrement la une de l’actualité. Aujourd’hui, dans un contexte d’inflation économique et de crise énergétique, les Français jugent la santé mentale moins prioritaire qu’ils ne pouvaient le faire l’année dernière.
Pourtant, un nouvel enjeu émerge : la lutte contre une anxiété générale provoquée par l’actualité climatique. En effet, à l’heure où l’actualité environnementale nous presse d’agir et de trouver des solutions, 55% des Français se disent être ponctuellement et/ou régulièrement inquiets du fait de l’actualité climatique (58% chez les femmes vs 51% chez les hommes)**.
L’impact positif de la nature sur le bien-être mental est largement reconnu par les répondants (84% estiment que les moments qu’ils y passent ont des effets positifs sur leur bien-être mental ou leur santé en général) et l’appel de la campagne pour nombre d’entre eux est une résultante de ce constat.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, une personne sur quatre est touchée par des troubles psychiques à un moment de sa vie. Ce constat surprend 64% des sondés, qui sous-estiment le phénomène. Aborder le sujet est difficile pour sa propre souffrance psychique, auprès de son entourage professionnel (62%) et encore pour 49% dans son entourage personnel, notamment par peur du regard des autres et par fierté, parce qu’il est difficile d’admettre ses faiblesses !
Triste constat donc, moi qui ai la conviction que notre “écologie personnelle” est à organiser puis à gérer au long cours. C’est un enjeux essentiel et ainsi un vrai défi permanent. Les outils et professionnels sont là, mais c’est de la responsabilité de chacun de s’y “coller” !
“Ce que tu fuis te suis et ce à quoi tu fais face s’efface” disait l’autre. Je pose ça là.
Et vous ? Vous allez bien ? JMP
* Enquête menée en septembre 2022 par l’IFOP pour la Fondation AÉSIO auprès d’un échantillon de 1 006 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.
** Contrairement à la croyance majoritairement répandue qui voudrait que les jeunes soient les plus concernés, ils arrivent toutefois loin derrière leurs aînés (61% pour les 35-49 ans et les 65-74 ans, contre 42,5% pour les 15-24 ans).
PS : Désormais le travail n’est “très important” que pour 24% de français, contre 60% en 1990. (IFOP 2022 pour la Fondation Jean Jaurès)
NB : J’ai emprunté le titre de cette Chronique à “Je vais bien, tout va bien, je suis gai, tout me plaît”. Sketch “Le déprimé” de Daniel Hamidou, dit Dany Boon (LES PRODUCTIONS DU CHICON 1995).
PI : En 2011 et 2012, je me suis formé à la détection et prévention des risques psychosociaux en organisation auprès de Jacques Coutant, Psychosociologue, Directeur de l’Offre RPS du Groupe BPI – Bernard Brunhes Consultants à Paris.