Chronique Terrienne n° 235 “Quand octobre prend sa fin, dans la cuve est le raisin.” On l’appellera GV, Grand (amateur de) Vins, et pour le temps d’un déjeuner, il m’a été fort excellent. Ce qui ne gâche rien, c’est qu’il est très pertinent et c’est un gentil garçon. S’il n’est pas très TGV face au changement, il est stable, avantageusement, sachant faire preuve d’abnégation.
Et voici qu’il m’offre, en arrivant, dans une petite boîte, un bien joli présent. Je ne puis lui faire que ces compliments : “Ce n°8 Opinel vaut pour moi bien plus qu’un n°5 Chanel. En voilà un bouleau bien fini !”* Comme cela doit parfois vous arriver, c’est en s’exprimant spontanément que la vérité nous apparait sous une forme parfois incongrue à première vue, mais souvent, c’est plutôt bien vu ! “Oui”, reprenais-je, “mon boulot est bien fini” 😉 Puis des indépendants nous parlâmes, eux qui ne font pas de pot de départ en retraite, mais aussi de cette belle lame, en acier inoxydable.
J’aime ces échanges, inestimables. Avec de belles âmes, ce qui tranche, c’est que l’on peut aborder les choses de la vie avec un peu de profondeur, mais toujours sans pesanteur. A l’instar de ces longues rencontres plus ou moins régulières, mais au moins annuelles, avec Didier, Bruno, Jean, Maurice, Thierry, François, Philippe, Martine, Nathalie ou encore Agnès (…) j’apprécie “les longueurs, les longueurs / le plaisir d’étirer les heures / en longueur, en longueur, en langueur / de réapprendre la lenteur / la lenteur, la lenteur, la lenteur…” comme le chante Pascal**.
C’est précieux de profiter les uns des autres ainsi ; d’échanger, tout simplement, entre amis. Y’a pas que le boulot dans la vie, y’a par exemple le bouleau*** aussi 😉 Pour moi qui plante des arbres depuis quelques temps “je me dirai quelle chance / c’est la belle vie qui commence”… comme le chante Obispo.
Accéder à un poil de légèreté dans un monde pas très beau ? Merci mes alter ego !
On parle boulot bien entendu, mais aussi de plein de sujets, non convenus. Comme de redonner un sens à sa vie à l’aube de la fin de carrière et de trouver des mots bien choisis pour évoquer ce qui est maintenant derrière.
“L’important ce n’est pas de sortir de Polytechnique, mais de sortir de l’ordinaire”**** aurait dit le grand Charles. Moi je crois que, surtout, il faut régulièrement se voir pour sortir de sa souricière ; pour aborder les choses de manière moins routinière. Mais comme avec de Gaulle, il faut avoir les épaules ! JMP
PS : lire sur le mug en photo “Je travaille dur pour que mon chat puisse avoir une vie meilleure.”
* le manche du légendaire couteau pliant est du plus bel effet en bouleau lamellé gris : ce bois blanc de Finlande est utilisé en lamelles teintées et réassemblées pour façonner les manches et leur donner un aspect zébré. Bref un bon outil, pas que pour l’ordinaire !
Le couteau de poche icône du design depuis 1890 : https://www.opinel.com/fr/
** “Les longueurs” (Album LE BEAU QUI PLEUT – Pascal OBISPO 2023 – Paroles Pierre-Dominique BURGAUD).
*** Le bouleau est un arbre caduc originaire de l’hémisphère Nord à forte rusticité. Son originalité est son écorce d’un blanc caractéristique. Le bouleau est le premier arbre du calendrier celtique. Il symbolise la naissance, le renouveau.
**** “Sortir de l’ordinaire” (Album PLANETE TERRE – Louise attaque 2022 – Gaëtan Roussel)
“Certains sont silencieux, d’autres de vraies commères / Certains sont avec eux-mêmes heureux et se tolèrent / Mais la plupart voudraient juste sortir de l’ordinaire / Certains voudraient eux-mêmes d’eux-mêmes se défaire / et d’autres entrer dans l’histoire, entrer dans la lumière / Mais la plupart voudraient juste sortir de l’ordinaire.”..